Des années 80 aux années 90

Le récit prend une place prépondérante dans la structure de la BD. Will Eisner « écrit » et dessine "Un pacte avec dieu". Il parle dès lors de roman graphique. Son dernier album, Le complot l’histoire secrète des protocoles des sages de Sion, illustre parfaitement cette conception de la BD.

Les revues BD continuent de promouvoir de nouvelles séries et des auteurs de talent.

Tintin ouvre ses pages à Cosey ; l’auteur de Jonathan, un personnage à la recherche de la vérité dans les montagnes du Tibet. Destination géographique fascinante. Ceppi choisit une autre destination pour son personnage Stéphane, l’Inde.

Grzegorz Rosinski associé à Van Hamme crée la saga Thorgal. Une série mythique qui verra, fait relativement rare dans la bande dessinée, ses personnages vieillir. Van Hamme incarne la réussite pour un scénariste ; ses BD ont un succès que peu de séries peuvent concurrencer. La sortie d’un nouvel album de la série XIII est toujours savamment orchestrée : par exemple, deux albums sortent d’un seul coup en novembre 2007 avec des références entre les deux albums (de "l'autopublicité").

Canardo, un détective alcoolique qui évolue dans un milieu noir. On est loin d’un autre canard, Donald. La bande dessinée animalière n’est pas toujours destinée à un public innocent. Un autre détective, sous les traits d’un chat cette fois-ci, officie dans un milieu semblable : Black Sad.

Les Passagers du vent de Bourgeon sont publiés par Cicus. Bourgeon fait preuve d’un exceptionnel souci de documentation pour dessiner ses planches , allant jusqu’à réaliser la maquette du bateau pour mieux appréhender les éclairages.

A suivre, revue de Casterman, publie Servais, Comès (un graphisme abouti qui n’est pas sans rappeler Pratt) et Tardi. Un thème obsessionnel, à côté de ses séries Adèle (en apparence, un style classique feuilleton dix-neuvième siècle mais en fait une série totalement inconventionnelle) ou Nestor Burma (détective créé par Léo Mallet), la première guerre mondiale. Ses albums sont exceptionnels. La force du graphisme et du scénario en font un réel témoignage de la première guerre mondiale.

Tardi ne restera pas le seul à traiter ce thème.

La tranchée, Christophe Marchetti

Le sang des Valentines, Christian De Metter

La grippe coloniale, Huo-Chao-Si, Serge

Ligne de front, une aventure rocambolesque de Vincent Van Gogh

Les conflits ne sont plus limités aux comics exaltant l’esprit patriotique de leurs lecteurs. Les récits apportent un témoignage nouveau.

La guerre d’Alan de Guibert pour la deuxième guerre mondiale.

Des conflits plus récents.

Afganhistan, avec le Photographe encore une fois de Guibert.

Les Balkans ; Fax de Sarajevo Joe Kubert, dans un style qui rappelle de nombreux récits de fiction américains mais, là, la réalité a rattrapé la fiction.

Gorazde de Joe Sacco, un travail de journaliste en utilisant le médium bande dessinée.

Primé à Angoulême, Notes pour une histoire de guerre de Gipi.

Le duo Bilal Christin crée des albums de politique fiction. Les Phalanges de l’Ordre noir reste une référence. Les albums actuels de Bilal ont pris une autre orientation, le récit n’est plus aussi important ; le graphisme sert un scénario surréaliste.

La BD historique : Juillard crée pour la revue Vécu (disparue) les 7 vies de l’épervier. Dans ce genre historique, Herman, dessinateur prolixe, écrit une série fascinante, Les Tours de Bois Maury.

Avec Peeter et Schuiten, l’architecture envahit les planches de la bande dessinée.

La ligne claire, si contestée par la nouvelle BD, revient pendant ces années 80, Floch et Rivière et parfois teintée d’Underground : Berceuse électrique de Ted Benoit, Jean-Claude Denis.

Bob Fish d’Yves Chaland, trop tôt disparu. Il avait su donné à la ligne claire un nouveau genre.

Théodore Poussin, une série où une bonne part du succès est due à la nostalgie que déclenche cette BD. Mais, même si le personnage principal rappelle des séries connues, son univers n’en a pas « l’asepsie ». Peeters se demande, dans son livre «  La Bande Dessinée », si cette auto-référence de la bande dessinée à elle-même ne la coupe pas du monde des jeunes lecteurs.

Aux Etats-Unis, Bill Watterson réussit une série de qualité avec Calvin and Hobbes dans un genre (Comic Strip) qui depuis longtemps n’offrait plus de renouveau. En 1995, il décide de mettre fin à la série estimant qu’il est temps de tourner la page. Jusqu’à aujourd’hui, il a résisté aux offres de reprise de tout ordre.

Un fait marquant de la fin des années 90 : peu de revues BD continuent d’exister. Le passage dans une revue avant l’album n’est plus nécessaire.

Dans la cour de l’école un certain Titeuf dépasse toutes les côtes de popularité : « La loi du préau » atteint 1,5 million d’exemplaires. Le langage tellement caractéristique de cette série a bouleversé ce genre de BD. Plus discret, avec une nostalgie qui n’est pas sans rappeler la Guerre des boutons, Baru décrit la vie d’enfants dans les années 50 : les années Spoutnik.

Midnight Nation, J. Michael Straczynski

Sanctuaire, Xavier Dorison Christophe Bec

Une nouvelle BD bouleverse le marché occidental : les mangas. Ce type de BD, longtemps dénigrée et traitée comme une sous-BD s’impose dans les rayonnages. La limiter à la série Dragon-Ball est une erreur. Taniguchi, consacré au Salon de la BD d’Angoulême en est la preuve. Ou, plus récemment, MomBa primé aussi à Angoulême.

En 2000, l’Enquête Corse de Pétillon est primée à Angoulême.

 

Retour en début de page