L’école franco-belge…
… et, au départ, surtout belge ;-)
Dans le Petit Vingtième (supplément du quotidien catholique conservateur Le Vingtième Siècle) un journaliste démarre sa carrière : Tintin. Les premiers albums de Georges Rémi, dit Hergé, sont loins d’être des chefs d’œuvre : le trait y est maladroit, le scénario simpliste, les clichés réactionnaires remplissent les pages. Hergé ne fait « qu’obéir » à l’orientation de son journal. Avec le Lotus Bleu (1936), un changement apparaît : il est demandé à Hergé de se documenter pour construire son scénario (cf BoDoï). Il est mis en relation avec un étudiant chinois qui lui fait découvrir la réalité de la Chine. Ce souci documentaire va se doubler d’une exigence générale dans la conception de l’album.
Tintin au Tibet 1960
Le fait le plus marquant est l’évolution du graphisme : un dessin épuré mais pourtant plein de précision et de classe. Les albums se suivent et la « famille de Tintin s’élargit ». Cette cohorte de personnages est certainement l’une des raisons de la fascination et de l’attachement des lecteurs.
Hergé, sûr de lui, s’attaque à tous les types de sujets : Le sceptre d’Ottokar, une critique de l’Anschluss ; Objectif Lune…
L’œuvre d’Hergé n’est pas exempte de critiques, certains albums sont médiocres… mais l’évolution de son travail est fascinante et ses albums de qualité moindre doivent être, pour avoir une valeur, considérés dans l’ensemble de l’œuvre.
Tintin chez les Soviets, réalisé à partir d’un seul livre, « Moscou sans voile », Hergé se refuse à le publier jusqu’en 1973.
Fort du succès de Tintin, apparaît en 1938, le magazine Tintin, concurrent d’un deuxième magazine Spirou. Longtemps, la BD franco-belge va être dominée par ce duo qui rassemblera de nombreux auteurs.
Spirou apparaît sous la plume de Rob Vel et bientôt repris par Jijé qui marquera et formera nombre de dessinateurs commme par exemple Morris, créateur de Lucky Luke (1949). Cette série illustre le succès : dessins animés, un film, et des héros « dérivés ». La censure toujours à l’affût : Billy the Kid têtant son pistolet sera renvoyé dans les cartons à dessins.
Le genre Western très présent dans la bande dessinée, plus de 200 titres. Quelques exemples :
Toujours dans le genre humoristique : Les tuniques bleues, 50 albums autour d’un conflit, la guerre de Sécession, qui a duré 5 ans. La rivalité des inséparables Chesterfield et Blutch sont l’une des raisons du succès de la série
Un des cow-boys les plus célèbres de la BD, voire LE plus célèbre Blueberry. L’évolution psychologique de ce soldat fidélisera ses lecteurs. Son évolution est tellement importante qu’elle créera des conflits au moment du choix des orientations possibles des scénarios. Dans un genre totalement différent, son auteur, Giraud, sous le pseudonyme de Moebius expérimente avec talent l’album sans texte avec Arzach.
Jonathan Cartland (Blanc Dumond)
Lincoln, une série qui arrive encore à renouveler le genre. Il faut dire que les auteurs n’ont pas ménagé les moyens, Dieu est l’un des personnages principaux.
Un auteur remarquable de cette période est sans conteste Franquin. Il fera de Spirou l’une des meilleures séries pour la jeunesse. Mais dans la mémoire des bédéphiles, il restera l’inventeur de Gaston, un mythe du anti-héros qui fera école. L’humour de Franquin est sans limite, il en fait la démonstration dans les Idées Noires (derniers ouvrages).
Au côté d’Hergé et dans les pages du magazine Tintin, oeuvre un certain EP Jacob. Direct descendant de la ligne claire et collaborateur d’Hergé, il saura pourtant créer une série originale qui fascinera plusieurs générations de lecteurs : Blake et Mortimer. Son travail minutieux en est la cause. Jacob s’essayera à l’humour. Ceci aura pour effet de déclencher une vague de protestations de la part des lecteurs.