Toujours le temps des revues
En France apparaît une nouvelle revue : Vaillant. Fait amusant : alors que les revues pour la jeunesse sont soutenues en Belgique par les catholiques, en France ce sont les communistes. Vaillant quelques années plus tard deviendra Pif Gadget.
Conjointement, ces deux groupes soutiennent une loi sur les publications pour la jeunesse : mélange de moralisme des plus curieux et d’antiaméricanisme : il est recommandé aux auteurs, par exemple, d’éviter « les ensembles de lignes tourmentées, tendues, et de couleurs criardes sans équilibre ni repos »… ou comment favoriser un dessin ligne claire à une impression en quadrichromie ;-)
Les auteurs vivent dans la hantise de la censure ; témoignage de JM Charlier, le scénariste le plus prolifique de la période :
« On ne pouvait pas voir dans la même case un personnage tirer avec une arme à feu et un autre s’écrouler. […] On vous expliquait très scientifiquement que la séparation entre les cases évitait que le lecteur relie le coup de feu avec le personnage. »
Une complète négation de l’écriture de la bande dessinée ou plus exactement de l’art séquentiel ! Ce pouvoir et cette présence de la censure sont des éléments indispensables pour comprendre les limites que devaient s’imposer les auteurs de l’époque.