Ecriture à partir d'images

DONNER LES MOTS

(Source: Stage AEFE Berllin 28/30 mars 2011 Anne Matthaey)

Anton Van Dyck (1599-1641), Portrait d’une grande dame de Gênes, Vers 1622-23.

AU MUSEE
Phase 1 : Distribution de 7 étiquettes vierges par personne. Chacun y note 7 adjectifs qualificatifs correspondant pour lui au portrait.
Phase 2 : Par groupe de 3 on met en commun toutes les étiquettes et on se met d’accord pour en garder 7 sur 21. Pour cela on discute en se référant à l’œuvre. Si un désaccord persiste, on évite le compromis et on rend compte du désaccord en notant les 2 mots qui en font l’objet sur une étiquette. On peut également se mettre d’accord sur le rajout d’un mot non présent parmi les 21 mots de départ si la discussion en a révélé l’intérêt.
Phase 3 : On étale les étiquettes de tous les groupes. On les classe par type de ressentis. Puis on commentera l’œuvre en partant des adjectifs et en se demandant ce qui, dans le tableau, à déclencher le choix de tel ou tel mot (voir suite du commentaire de cette phase ci-dessous).
Cette démarche convient à des adultes, à des élèves ayant un bon niveau de vocabulaire et à des élèves ayant étudié spécifiquement du vocabulaire à réinvestir dans l’exercice.

 AVEC DES ELEVES PEU A L’AISE
La proposition peut se décliner un peu différemment avec des élèves moins à l’aise avec la langue.
Ceux-ci on parfois du mal à « trouver les mots ». Pour pallier cette difficulté…

Phase 1 : on répartit la classe par groupe et on donne à chaque groupe une quarantaine d’adjectifs qualificatifs sous forme d’étiquettes. Chaque groupe sélectionne 7 adjectifs qui lui semblent qualifier le portrait et devra ensuite justifier ses choix en se référant à l’œuvre.

Phase 2 :Commentaire du tableau en fonction des occurrences observées.
Vraisemblablement certains adjectifs vont revenir massivement. On fait l’hypothèse que ces adjectifs correspondent à des intentions fortes du peintre. Il faudra alors déceler dans le tableau ce qui correspond plastiquement à ces adjectifs, quels ont été les moyens plastiques employés par le peintre pour traduire son intention.
D’autres adjectifs ne seront choisis que par quelques-uns. Ces choix, différents pour chaque spectateur, correspondent aux projections que chacun fait sur l’image en question. Ce sont nos propres vécu et personnalité qui nous font interpréter l’image et dictent certains de nos choix. Ces choix ne correspondent donc pas à l’intention du peintre mais à la personnalité et au vécu du spectateur. Ce qui explique la grande diversité de ressentis que l’on peut éprouver. Cela témoigne aussi de la liberté du spectateur par rapport à l’œuvre. Par contre le spectateur ne doit pas confondre sa propre vision subjective et l’intention du peintre.
Cet aller-retour entre ce que nous dit le tableau et ce qu’on projette sur lui est une notion capitale à faire passer aux élèves. Cela n’a pas seulement à voir avec l’histoire des arts mais aussi (et surtout) avec le respect de l’autre et l’apprentissage du « vivre ensemble » et d’une certaine rigueur intellectuelle.

Comment choisir les adjectifs pour constituer le stock d’étiquettes ?
Le plus simple est de choisir quatre ou cinq portraits sur lesquels on pourra faire travailler les élèves et de noter tous les adjectifs qui peuvent convenir à ces portraits, puis de faire la sélection la plus pertinente possible (nombre d’adjectifs et niveau de langue) en fonction du niveau des élèves.
Attention néanmoins de constituer cette banque de mots à plusieurs (chacun fait l’exercice, le choix final se faisant parmi l’ensemble des adjectifs sélectionnés par les différentes personnes) sinon on risque d’imposer sa propre vision de l’œuvre (forcément subjective) aux élèves.
Cette démarche peut aussi s’appliquer à des paysages (tableaux ou photos).